En ce mois de mars et en ce temps de carême où nous sommes invités à l’aumône,
Pauline nous parle de son amour des pauvres :
« C’est bien à ceux qui travaillent et sont courbés tout le jour sous le poids de la pauvreté, de l’humiliation et de la souffrance qu’il convient de porter la Bonne Nouvelle du salut […]. Je ne sens ni ne vois plus rien, sinon la souffrance et l’angoisse. Cependant, je demeure dans la volonté inébranlable de sauver nos frères. […] Les personnes riches ne se doutent pas, au sein de l’abondance et la sécurité, de ce qu’éprouvent un père, une mère auxquels des enfants demandent du pain, quand le travail manque, ou que la maladie le rend impossible : du pain ! […] de l’argent, ah ! Qu’il est bon d’en avoir pour en donner […] Je voudrais avoir un puits rempli d’or pour aider tous les pauvres jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul qui soit dans la misère. »
Pauline Jaricot, in Une pensée par jour, OPM, Médiaspaul, 2008, p. 35, 88 et 102.
Ceux qui sont courbés sous le poids de la pauvreté
Pour Pauline, c’est aux pauvres en premier lieu qu’il convient de porter la Bonne Nouvelle du Salut. À la lecture de ces lignes, on comprend combien Pauline a pu inspirer le père Eyquem quand il écrira : « Je résolus d’appliquer au Rosaire le grand principe évangélique toujours capable, j’en suis convaincu et je le sais par expérience, de sortir de toutes les impasses : aller vers le pauvre, vers le plus pauvre, vers celui qui est dans le plus grand besoin, et tout concevoir, tout organiser, tout créer en fonction de lui.
Dans la perspective qui est celle du Rosaire, le plus pauvre, c’est celui qui, ayant encore un reste de foi, n’a plus assez de vitalité pour exercer sa foi, pour prier, pour fixer son regard sur l’Évangile, contenu tout entier d’abord dans la personne de Jésus-Christ ».
Je voudrais avoir un puits rempli d’or pour aider tous les pauvres
Si, pour Pauline, il est bon d’avoir de l’argent, ce n’est point pour l’accumuler, mais pour pouvoir en donner. Avec quelques amies, elle saura mettre en place « le petit sou » pour venir en aide aux pauvres et aux nécessiteux. C’est ce fonctionnement qu’elle élargira ensuite pour soutenir les missions en Asie avec « le sou hebdomadaire ». Au-delà de l’aide concrète et matérielle qu’elle saura apporter aux pauvres, Pauline aura surtout su ouvrir le puits sans fond de son cœur généreux pour partager avec tous le trésor qui s’y trouvait.
En ce temps de carême, alors que nous sommes invités à la générosité et à l’aumône, que l’exemple de Pauline nous stimule dans le partage généreux avec nos frères : qu’il soit partage de biens matériels ou du trésor de la foi, puisse-t-il se faire dans la joie d’un cœur généreux, image du puits sans fond de la grâce de Dieu.
Frère François-Dominique Forquin, o.p.
Aumônier national