Chaque mois : le Rosaire en Équipe
Chaque jour : le Livret de Prière Quotidienne
Commencez par contempler la belle représentation du Mystère de la Résurrection en page 3 avant d’en lire le commentaire spirituel ci-dessous.
Tombeau vide et apparition du Ressuscité
En une seule et même scène, Fra Angelico fait figurer les deux éléments essentiels sur lesquels repose notre foi pascale : le constat du tombeau vide et l’apparition du Ressuscité à ses disciples. Pâques, c’est tout à la fois le mystère d’une absence et d’une présence. Ici, les femmes constatent l’absence du corps, mais elles sont accueillies par la présence d’un ange. Au-dessus du front de cet ange qui les accueille, une langue de feu rouge se dégage de son auréole : avant même l’événement de la Pentecôte, il semble dire aux femmes chargées de leurs aromates : « Qui cherchez-vous ? » et leur indiquer aussitôt : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts, il n’est pas ici, il est ressuscité ! » (Lc 24, 5)
La discrète présence du Ressuscité
Alors que trois femmes tiennent leur récipient chargé d’aromates, une quatrième, se tenant le front, plonge son regard au fond du tombeau vide : est-elle prise de vertige ? Scrute-t-elle, au-delà de l’absence, le mystère d’une présence ? L’ange en effet, de son doigt, semble vouloir l’inviter à se retourner pour contempler le Ressuscité pris dans une mandorle de lumière, chargé de l’étendard de sa croix glorieuse dans une main, de la palme de son martyre dans l’autre et la tête marquée d’un nimbe crucifère. Tous ses attributs sont là, mais les femmes ne le remarquent pas. Ne semble-t-il pas pourtant qu’il leur suffirait de se retourner pour apercevoir le Ressuscité ? Bien plus, grâce à semblable disposition, Fra Angelico ne chercherait-il pas à nous faire comprendre que pour trouver le Ressuscité, il faut le scruter avec son cœur plutôt qu’avec ses yeux ? En effet, une nuée, recouvrant légèrement la partie inférieure du Ressuscité, semble le relier mystérieusement à la femme qui scrute le tombeau vide. Ne serait-elle pas, ici, en train de percevoir sa présence, autrement que par les yeux ? La nuée signale paradoxalement la présence du Ressuscité puisqu’elle la révèle tout en la voilant. La résurrection est mystère d’une présence dans l’absence. Un mystère que l’on n’aura jamais fini de comprendre, mais dont, comme cette femme penchée sur le tombeau, on peut scruter la profondeur dans la contemplation des Écritures.
Saint Dominique présent, avec les femmes, au tombeau
Scruter les Écritures, c’est bien ce que faisaient les frères dominicains, dans ces cellules du couvent de San Marco de Florence, si superbement décorées par l’un d’entre eux, Fra Angelico. Dans la plupart d’entre elles, comme ici dans celle de la résurrection, le peintre dominicain a représenté le saint patron de son Ordre en train d’assister à la scène. C’est ainsi qu’on aperçoit saint Dominique, en bas à gauche, enveloppé dans la chape sombre qui recouvre sa tunique blanche dominicaine. A l’image de cette femme qui scrute le tombeau vide, saint Dominique scrutait les Écritures pour y discerner la mystérieuse présence du Ressuscité transfiguré. Placé ici dans la scène évangélique de l’arrivée des femmes au tombeau, il est invité à s’y plonger pour la vivre et y participer avec elles. N’est-ce pas là ce à quoi nous sommes invités nous aussi à chaque fois que nous méditons un Mystère du Rosaire ? Nous ne méditons pas les 20 Mystères du Rosaire comme de beaux tableaux qui demeureraient cependant extérieurs à nous, mais plutôt comme des scènes dont nous devenons acteurs plus que spectateurs. Ce qu’ont vécu les femmes en arrivant au tombeau, nous le vivons également, comme saint Dominique est ici en train d’y prendre part lui aussi. Contempler, c’est bien plus que simplement regarder, c’est se plonger dans l’Évangile au point qu’il nous mette en présence et nous fasse participer aux Mystères de la vie du Christ. L’ayant ainsi contemplé, à la suite des femmes et de saint Dominique, nous pouvons transmettre aux autres celui que nous avons contemplé.
Fr. François-Dominique Forquin,
Aumônier national