LES CHANTS DU MOIS
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2025 : des portes et un jubilé
Pour la première fois en l’an 1300, l’Eglise catholique a célébré un jubilé pour que toute la chrétienté s’ancre dans le pardon et la fraternité. Il fallait trancher avec les temps de crise, de violence et de haine que traversaient l’Occident. C’est le pape Boniface VIII qui appela à vivre ce jubilé pour que, pendant un an, les chrétiens puissent venir en pèlerinage à Rome et entrer dans la basilique Saint-Pierre pour une “rémission très complète de leurs péchés”. Il avait prévu que cela se renouvelle tous les 100 ans. Mais le jubilé suivant fut convoqué 50 ans après. Puis le pape Urbain VI a souhaité appliquer une période de 33 ans, en référence au temps terrestre de la vie du Christ Jésus. Pour finir, il fut décidé de célébrer un jubilé ordinaire tous les 25 ans.
En 1425, le pape Martin V introduisit une nouveauté : ouvrir une porte sainte en la cathédrale Saint-Jean de Latran. Cette basilique est le siège de l’évêque de Rome qui a, par ailleurs, la charge de pape pour l’Eglise universelle.
En 1500, le pape Alexandre VI décida l’ouverture de plusieurs portes saintes à Rome, ville des apôtres, pour inaugurer l’année jubilaire. Il se réserva l’ouverture de la porte de la basilique Saint-Pierre, et fit ouvrir en même temps les portes de trois autres basiliques romaines. En 2015, le pape François, qui avait convoqué un jubilé extraordinaire pour une année de la Miséricorde, a étendu la tradition des portes saintes au-delà de Rome car il voulait que les catholiques du monde entier se souviennent que la miséricorde de Dieu est pour tous.
Dans l’Evangile, Jésus dit : “Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. Il entrera et sortira, et il trouvera un pâturage”, c’est-à-dire un lieu qui nourrira en lui la vie véritable (Jn 10, 9). Le jubilé veut faire retrouver aux croyants une vraie fidélité intérieure au Christ : grandir dans la joie de croire et entrer dans une pénitence qui permette un chemin de prière afin de s’en remettre à l’amitié de Dieu, au cœur de son Eglise. En 1975, le pape saint Paul VI donnait au jubilé de l’année sainte cette double perspective : renouveau et réconciliation. Un jubilé est là pour nous ouvrir à Dieu mais aussi pour que notre foi soit une porte sur notre environnement, une ouverture aux autres et aux réalités du monde. C’est l’occasion d’une attention et d’un respect fraternel dont l’humanité ne cesse d’avoir besoin. Notons qu’en cette année sainte 2025, le pape François a voulu concrètement manifester la proximité avec ceux qui connaissent la détresse. Il a ouvert une porte sainte dans une prison, à Rebibbia, à Rome. C’est un signe d’espérance pour ceux qui connaissent des enfermements de toute sorte : l’avenir peut s’inscrire dans un appel à engager sa vie autrement dans une confiance renouvelée.
La fête de Noël arrive et nous amène au terme du Jubilé de l’Espérance que nous venons de vivre en 2025. La Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome se fermera le 6 janvier 2026, en la fête de l’Epiphanie. Mais nos diocèses fermeront leur Porte Sainte quelques jours avant, le 29 décembre. Avant ces fermetures, vous pouvez encore exprimer votre confiance en Dieu et en l’avenir, en passant par la porte sainte la plus proche de chez vous. Et n’oubliez pas : si la porte sainte se ferme, ce n’est pas pour nous emprisonner mais, au contraire, parce qu’elle nous a mis sur un chemin nouveau !
Fr. Philippe Jaillot, dominicain, aumônier national des Équipes du Rosaire
et Brigitte Perrin, responsable nationale des Équipes du Rosaire
