En ce joli mois de mai, mois de Marie, Pauline nous parle du Rosaire Vivant :
“Depuis longtemps la dévotion n’osant plus se montrer restait dans chaque bonne âme comme un feu caché sous la cendre… Parmi les moyens à prendre, il fallait s’attacher à ceux que le ciel lui-même avait présentés comme étant les plus capables d’attirer le plus de grâces sur la terre, d’obtenir le plus de ces grâces qui brisent les cœurs d’un salutaire repentir et changent les hommes… Le rosaire présentait excellemment tous ces avantages… Mais l’important et le plus difficile c’était de faire agréer le rosaire à la masse… Ces difficultés… firent éclore le mode du Rosaire vivant. Sa nature est la même que le rosaire de saint Dominique… La différence, c’est qu’au lieu que ce soit une seule personne qui chaque jour récite tout le rosaire, cette précieuse prière se récite par 15 personnes, chacune honorant un mystère et récitant une dizaine du rosaire.”
Pauline Jaricot, in Le cantique de la Gloire, Lettres de Pauline à la Mère Saint-Laurent,
éd. François-Xavier de Guibert, 2007, p. 151-152.
Comme un feu caché sous la cendre…
… et que le vent de Pentecôte viendrait ranimer : tel était l’état de la dévotion à la prière du Rosaire à l’époque de Pauline et qu’elle rêve de revivifier. Vivant dans un contexte politique postrévolutionnaire encore marqué par un vif anticléricalisme, Pauline constate en effet que la “dévotion”, la vie de foi personnelle, n’ose plus se montrer au grand jour de peur d’être facilement moquée et ridiculisée. Parmi les outils susceptibles de soutenir la foi personnelle figure en bonne place la prière du Rosaire que les frères dominicains avaient popularisée au long des âges. Cependant, le succès de cette diffusion s’était peu à peu érodé au fil des ans, notamment en raison de l’aspect répétitif de cette prière. Comme au XVe siècle où les clausules, courtes phrases destinées à particulariser chaque Ave Maria en fonction du mystère médité, avaient été inventées pour casser la monotonie de la récitation du Rosaire, il fallait à nouveau inventer un moyen de faire aimer cette prière au plus grand nombre.
Faire agréer le Rosaire à la masse
A l’époque de Pauline, la ville de Lyon connaît un essor industriel important et les ouvriers, les “canuts” de “la colline qui travaille” (celle de la Croix-Rousse) ne savent plus comment s’unir à “la colline qui prie” (celle de Fourvière) : en effet, de retour de l’usine après une longue journée de travail et devant consacrer du temps à leur famille au retour du labeur quotidien, ils ne trouvent plus le temps de réciter les 150 Ave du Rosaire. C’est alors que Pauline a cette intuition géniale : “Regroupez-vous par 15, chacun dit une dizaine et vous formez un Rosaire Vivant !” L’intuition qui anime les Equipes du Rosaire est née à ce moment-là.
Qu’en ce mois de mai, la Vierge Marie nous aide à nous tenir fidèles à notre dizaine quotidienne, en particulier en téléchargeant la nouvelle application des Equipes du Rosaire sur notre téléphone portable, pour qu’avec nos co-équipiers, nous formions un Rosaire toujours plus vivant !
Fr. François-Dominique Forquin o.p.
Aumônier national