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Commencez par contemplez la belle représentation du Mystère de la Résurrection ci-contre avant d’en lire le commentaire spirituel ci-dessous.

Des femmes et un ange : une nouvelle Annonciation ?

Si, au début de l’évangile selon saint Luc, a eu lieu une rencontre décisive entre une femme et un ange ; à la fin de l’évangile, les femmes arrivant au tombeau se retrouvent à nouveau devant un ange pour une rencontre tout aussi décisive. Cet ange, assis sur le couvercle du sépulcre, désigne de sa main les linges mortuaires qui dessinent encore la forme du corps de Jésus : le linge qui enveloppa le tronc jusqu’aux jambes en bas et le linge qui servit à recouvrir la tête juste au-dessus. Les linges ont certes gardé la forme du corps, mais le corps, lui, n’est plus là. Il n’est plus au « saint sépulcre » («ΟΑΓ Taphos ») désigné par l’ange. Situé entre les femmes et le sépulcre, c’est comme si cet ange voulait leur éviter de tomber dans le ravin sombre de la mort. Il semble leur dire que pour parvenir au tombeau, il n’est désormais plus nécessaire de franchir jusqu’à l’abîme de la mort, puisque le Christ l’a franchi définitivement pour nous.

Un printemps de résurrection ?

Le visage encore un peu triste des femmes remplies de désolation va bientôt se changer en joie. A la suite de l’ange qui leur annonce que le Christ n’est plus au séjour des morts, elles vont devenir, à partir de ce simple constat, messagères de la Bonne Nouvelle que Jésus est vivant et qu’il est ressuscité. Un printemps de résurrection se fait d’ailleurs sentir dans l’icône au décor essentiellement minéral : même la nature semble y renaître, puisqu’alentour quelques végétations nouvelles pointent de manière presque inespérée entre les rochers. Une plante naissante se situe d’ailleurs juste au bout du doigt de l’ange : on ne sait pas très bien s’il désigne le tombeau avec les linges ou cette végétation qui annonce à elle seule le jaillissement inattendu de la vie en un lieu promis d’abord à n’être qu’un lieu de mort.

Les femmes myrophores deviendront messagères, comme les mages

Chargées de ce qui ressemble à de petits pichets, les femmes étaient venues porter au corps mort de Jésus les soins funéraires. Les aromates dont elles s’étaient chargées avaient pour but d’embaumer le corps de leur maître et seigneur. Parfumer sa dépouille mortelle et prodiguer des soins à un corps inanimé, c’était déjà pressentir qu’il n’était pas voué à la putréfaction de la mort. Constatant que le tombeau est vide et comprenant, par la présence de l’ange, que Jésus n’est plus au séjour des morts, elles vont pouvoir repartir du tombeau, comme les mages, eux aussi chargés d’aromates, étaient repartis de la crèche, « par un autre chemin », c’est-à-dire transformés. Les femmes étaient venues en un lieu de mort pour y porter un parfum de vie. Elles repartent du tombeau prêtes à annoncer ce que leurs yeux ont constaté : Jésus n’est plus au séjour des morts. La foi que Jésus est vivant pourra alors se répandre sur le monde comme un parfum de vie.

Fr. François-Dominique Forquin, dominicain, 
Aumônier national des Equipes du Rosaire