LES CHANTS DU MOIS
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Commencez par contemplez la belle représentation du Mystère de la Résurrection ci-contre avant d’en lire le commentaire spirituel ci-dessous réalisé par l’équipe de Prions en Eglise.
Un monde sans vie et sans avenir
C’est un monde de pierre, froid et stérile qui se dévoile dans cette œuvre. Deux arbres y poussent pourtant, vestiges d’un lointain paradis perdu, oublié. Dans ce paysage d’une sobriété encore marquée par l’art de l’icône, une porte se découpe. Son chambranle droit souligné par la mouluration tranche avec les lignes brisées de la roche naturelle. Derrière elle, dans l’ombre, on distingue à peine un sarcophage de marbre. Cette porte, à l’évidence, marque un passage, du tombeau vers le monde, de la mort vers la vie, du passé douloureux à un avenir nouveau.
Le seuil de la mort, enfin franchi !
C’est fait ! Le Seigneur, Jésus le Christ, l’a franchie, traversée, et même il a vaincu les forces de la mort qui ont cherché à l’engloutir, à effacer la présence de Dieu de la surface de la terre. Paisible et hiératique, il s’avance, serein. Le linceul de mort est à présent devenu un éclatant vêtement qui ne cache pas les blessures que des soldats lui ont infligées aux heures sombres de la Passion si violente. Dans sa main, agité par le vent, ou par le souffle de vie divine, un étendard démesurément haut clame sa victoire par le sang versé sur la croix de ses supplices et de ses douleurs.
Devant lui, à ses pieds, gît une masse indéterminée de vêtements colorés et d’armes. On distingue mal les soldats chargés de garder le tombeau et abandonnés au sommeil, lourd qui les déconnectent du surgissement de vie qui s’est produit pourtant tout près d’eux. Ils ont abandonné leur étendard, comme s’ils n’avaient plus rien à représenter, humanité méconnaissable sous ses armes, endormie et comme morte.
Où sont-ils les destinataires de la vie, où est l’humanité ?
Où est l’humanité ? Est-elle dans la puissance des armes ? Ici, la force guerrière semble vaine face à la douceur paisible et désarmée du Christ vivant, visage de l’humanité voulue par le Père. La violence et la mort ne peuvent se réclamer du Prince de la Paix. Leurs étendards ne peuvent pas être les mêmes. Ainsi chantait le psalmiste dont les mots traduisent l’espérance du peuple et l’attente de sa délivrance : Le salut d’un roi n’est pas dans son armée, ni la victoire d’un guerrier, dans sa force. (…) Une armée ne donne pas le salut. Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort. (Psaume 32)
La mort a rendu la vie !
Pourtant, l’espérance ouverte par la résurrection du Seigneur Jésus-Christ atteint toute l’humanité, jusque dans sa violence, son sommeil ou sa mort. Le pourpoint d’un soldat peint du même blanc que le vêtement du Christ en témoigne, comme les pousses de verdure disséminées sur le sol rocheux. Les arbres du Paradis disparu reprennent vie dans le Christ ressuscité. Rien ne pourra jamais arrêter cette force de Salut offerte désormais à toute sa Création par Dieu au matin de Pâques. Le matin où tout peut reprendre vie.
Pères Venceslas Deblock et Sébastien Antoni,
Prions en Eglise